Depuis un an et quelques mois que j'ai quitté la France, j'entends toujours les mêmes remarques sur ma chance de voyager, voir tous ces lieux différents, le soleil (bon, pas ici) etc... Je ne suis pas complètement d'accord. Ma chance c'était d'être dans un pays stable, dans une situation économique moyenne me donnant cette option de voyager. Mais faire ce que je fais, ce n'est pas de la chance, ça a été une énorme dose de courage, certes mais tout le monde peut le faire. Toutes les personnes qui m'ont dit ces mots du moins. Je me souviens de ce chauffeur de taxi adorable à Bali, Kari, avec qui on discutait sur la route d'Ubud, qui nous avait dit qu'on avait de la chance de voyager. Venant de lui, oui, j'ai pris un coup d'humilité dans la gueule parce que ce pauvre homme gagne une misère, doit tant bien que mal nourrir sa femme et ses enfants, leur payer l'école, dans ce pays où se mélangent touristes qui puent le fric et habitants qui manquent de tout, ce pays qu'il ne quittera sans doute jamais. Mais je divague.
La phrase qui m'énerve plus que "T'as de la chance", c'est "T'es en vacances toute l'année". Quand je suis partie à Bali justement et que je disais "On part en vacances", ça a été ça la réponse "Mais ca fait un an que t'es en vacances !". C'est pas parce que je suis au bout du monde, sous le soleil, loin de votre quotidien, que je suis en vacances. J'ai pris un rythme différent de ce qu'on connait qui consiste en travail pour gagner de l'argent, puis voyage puis travail, etc... Pourquoi je ne raconte rien depuis 3 mois ? Parce qu'il n'y a rien à raconter. Je suis arrivée à Wellington fauchée, j'avais besoin de vite travailler pour remplir les caisses et c'est ce que je fais. 40 à 50h par semaine, je suis en train de courir partout dans mon resto avec mon sourire de serveuse en évitant les enfants qui courent entre les tables et en transportant des planches de pizza d'1m qui font la moitié de mon poids le lundi soir. Je partage une chambre presque monastique avec Nat dans un vieil hôtel immense et un peu creepy mais les Beatles ont séjourné là alors pardon. Je me suis fait des chouettes copines au resto, on fait ce que font toutes les copines, on va au ciné, on traîne, on discute pendant des heures, on se fait des soirées filles les unes chez les autres et on a du mal à parler d'autre chose que du boulot, on boit trop, on fume trop et on sort danser jusqu'à la fermeture des bars alors qu'on bosse le lendemain. Je fais exactement la même chose que j'aurais fait à Paris, à Strasbourg, la même chose que je faisais à Melbourne, juste je le fais ailleurs. Sauf que je travaille plus en fait, l'épuisement est devenu mon état naturel, je commence même à boire du
café, ceux qui me connaissent savent ! C'est pas pour le goût hein, je
trouve toujours ça dégueulasse, c'est juste pour tenir debout jusqu'au soir. Les filles au boulot me disent que je ne devrais pas bosser autant mais je prends toutes les heures supp que mon chef peut me donner parce que dans un mois et demi, j'arrête et que j'ai besoin de mettre de côté le plus possible d'ici là.
Sasha arrive le 24 juillet, là oui je serai en vacances et putain je l'aurai mérité ! Pas des vacances reposantes ceci dit puisqu'on a un mois pour visiter le pays, certes la Nouvelle-Zélande c'est petit mais y'en a des choses à faire et à voir ! Fin août, on revient à Wellington d'où elle prend l'avion et moi... Je refuse de faire des plans parce que j'ai appris ma leçon, Dieu sait ce que je vais rencontrer sur la route, Ian et Marlee m'attendent à Christchurch entre autres options alors je ne dis rien, je ne dis rien parce que j'en sais rien. J'ai envisagé un moment de rester à Wellington, même me faire sponsoriser au restaurant, vaincre le patriarcat et passer sous-manager mais en dehors du fait que les rats quittent le navire et que ce ne sont pas les meilleurs qui restent, l'Europe me manque de plus en plus chaque jour, j'ai envie de rentrer, pas de rempiler un an. Alors oui, préparez-vous parce que je pense que la décision est prise, je ramène mon cul en Europe bientôt.
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